Retrouvez moi aussi sur LA PETITE VIE D'ABY

jeudi 1 octobre 2009

Exercice de style

Un soir, mon bel ami et moi, nous nous sommes croisés sur la toile et avons partagé un moment de félicité assez exceptionnel. Sans prévenir, il a lancé une phrase, et puis j'ai enchainé, et puis il a répondu... Alors oui, vous me direz, c'est le principe d'une discussion. Certes, mais quand elle donne ça, il faut que vous le partagiez avec nous..



Jeff
: Le festin se prépare, la table est dressée, les plus beaux couverts d'argent disposés. La plus fine porcelaine présentée.
Aby : et la chair dont les odeurs parviennent aux narines, est tendre est parfumée.. elle promet d'être goûteuse..
Jeff : Mais les convives tardent à faire retentir la cloche de bronze. Les parfums embaument mais la pièce reste silencieuse.
Aby : C'est inquiétant.. la tension est palpable.. La faim se fait entendre dans les ventres... des bruits étouffés, retenus, mais trop fort pour être cachés.
Jeff : Dans l'âtre brûle la dernière buche. Les flammes crépitent et racontent des histoires à ceux qui veulent bien les écouter. Des histoires de Prince et de Reine, d'amour et de Dragon. Des histoires pour faire patienter avant le festin, ou pour reposer les ventres bien tendus.
Aby : Tous le monde les écoute. Tous ne les comprenne pas.. mais la mélodie joyeuse du crépitement rassure à défaut de réchauffer.. seulement, l'impatience monte, une fourchette glisse d'une main et tombe sur la table dans un fracas qui fais sursauter les cœurs... des regards se tournent vers le bruit, un se baisse sur la table... tous espèrent un signe venant de la cuisine..
Jeff : Mais rien ne vient, les sourires si francs se sont maintenant effacés... les chuchotements qui devaient faire place au brouhaha des sens assouvis s'étouffent dans un silence de cimetière.
Aby : Un papillon égaré cogne contre la lampe. Le bruit résonne dans toute la salle. Tous attendent la délivrance par un mot ou un simple geste..
Jeff : Personne n'est à l'honneur en cette soirée... tous les convives on reçu leur invitation, juste une adresse. Aucune signature, pas de maitresse de maison... des chandelles sur le seuil de la porte invitaient à entrer.
Jeff : et ce maudit papillon qui tournoie sans fin entre les bougies à demi étouffées. "Qu'il se brûle les ailes une bonne fois pour toute !"
Aby : Est-ce un piège ? Un mauvais rêve ? L'atmosphère devient irrespirable.. comme si l'oxygène allait soudainement manquer et souffler les bougies qui faiblissent. Certains regardent la porte, hésitent à se lever pour s'enfuir.. un bruissement d'étoffe, une main qui joue nerveusement avec la nappe... Et soudain, le carillon de la pendule s'échappe du mécanisme rouillé..
Jeff : Minuit.... les coups raisonnent dans la pièce comme des coups de marteau sur une enclume...Les convives crispent leurs muscles à chaque chute du marteau sur l'acier. La faim s'est évanouie et même les fumets qui s'échappent des cuisines ne peut réveiller les ventres crispés.
Aby : Le temps semble s'être arrêté, les coups de l'horloge semblent ne jamais vouloir finir de frapper. Tous, ils comptent dans leur tête, presque inconsciemment, en se demandant à quel sauce ils vont être mangés.
Jeff : S'enfuir serai la meilleur solution... Prendre ses jambes à son cou et oublier cette maudite invitation. Pourtant, le mystère retient les invités comme le papillon sur sa lampe. Pourquoi nous rassembler ici ? Qui sommes nous les uns pour les autres ? Chacun se dévisage, scrute le profile figé de son voisin en évitant soigneusement de croiser un autre regard.
Aby : Quand enfin, la porte grince... une jeune fille glisse dans la pièce. Elle est pâle, mais irradie, comme si la lumière venait de sa peau blanche. Personne ne peut ignorer sa présence et pourtant elle est presque irréelle. Ses pas ne font aucun bruit sur le sol. Seule sa robe frotte le parquet dans un bruissement vaporeux.
Jeff : Tous se figent devant ce spectre lumineux. Chacun semble la reconnaitre. Des traits familiers mais dont aucun nom semble venir s'y déposer.
Aby : Et elle avance doucement tandis que la porte derrière elle reste ouverte. Elle les dévisage, un par un, un regard glacé mais qui ne semble pas menaçant.
Jeff : Elle pose ses mains sur sa robe de soie noire, reste silencieuse un instant... puis elle entre-ouvre les lèvres et chantonne une comptine dans un murmure. Sa voix est cristalline et se propage dans la pièce comme un souffle, caressant l'ouïe comme les cœurs.
Aby : Le feu dans la cheminée semble reprendre de la vigueur et sa lumière chaude envahit et éclaire la pièce un peu plus à chaque seconde. Pourtant, ils frissonnent. Émus par ce chant cristallin qui force les yeux à se fermer et les membres à s'engourdir. Douce mélodie qui s'échappe de ses lèvres, comme le souffle qui s'échappe des corps assis devant elle et qui la contemplent.
Jeff : Les yeux clos, les invités se laisse bercer par ce chant et de leur esprit remonte des souvenir d'enfance : tarte aux pommes d'une grand mère... le goût du miel léché sur le doigt d'un amant... des parfums s'entremêlent et les visages oubliés deviennent plus nets. Les traits de la jeune fille... Ce sont les traits des êtres tant aimé maintenant disparus.
Aby : La comptine est familière. Ils l'ont chanté. Avant. Il y a longtemps. Ils ne se rappellent plus très bien, mais ils ne l'ont pas oublié. Les souvenirs refont surface et les envahissent. Une larme s'échappe du coin des yeux d'un homme tandis qu'un sourire tendre apparait sur ses lèvres.
Jeff : Ses larmes s'écoulent sur ses joues comme celle de l'enfant. Le visage de celle qu'il a tant aimé lui sourit et lui murmure les mots qu'il pensait avoir oublié, qu'il avait tant voulu oublié, les mots, son visage, ses yeux illuminés par l'amour. Oublier celle qu'il a perdu..
Aby : Mais le cœur jamais n'oublie. Il a beau essayer, se dépêtrer, se débattre... Il reste marqué à jamais par ce sursaut de vie sans lequel il serait vain de respirer.
Jeff : Il lutte encore... pourquoi souffrir, faire remonter le passé alors que l'avenir n'offre aucune promesse. Aucune promesse. Son cœur se brise, se déchire. Ses os craquent sous les muscles qui se crispent. Il efface d'un revers de main ses larmes et emprisonne sa tête entre ses paumes, ne plus penser... effacer....
Aby : mais la comptine continue, entêtante... encore et encore... Il sent alors une main sur son épaule.. une petite main blanche, légère, douce comme une plume qui, par une simple pression, apaise ses souffrances.
Jeff : Son cœur se calme et s'endort... Ses sanglots s'éteignent. Ne reste qu'un souvenir... un visage, des mots, des parfums... Un souvenir débarrassé des peurs et des souffrances... Un souvenir sans défaut.... un souvenir d'une autre vie.

7 commentaires:

  1. Témoin effacé de cet exercice que j'ai eu à plaisir à lire au lendemain de sa grifouille étudiée... Un privilège !
    j'adore...
    j'espère que vous en ferez d'autres...
    Bises à tous deux

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  2. J'ai aimé votre talent, et souhaitais saluer votre prose qui nous a transportés, l'espace d'un instant, dans un autre monde. Monde mystérieux mais tellement subjugant, qu'on est déçu lorsque le fil qui nous y lie se brise à votre dernier mot.
    Ne rompez pas cet envoûtement Aby, vous êtes doué. A vous peut-être le prochain best-seller, qui sait? Lancez-vous. Et rendez-vous en librairie.

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  3. m'enfin my Lord ?!!!

    ...
    ...
    ...

    évidement !!

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  4. Merci beaucoup Fanthomas.
    Ton message m'a bcp touchée et je suis ravie que tu apprécies à ce point notre petite histoire. Ni l'un ni l'autre n'étions sûr que cela pouvait toucher/émouvoir d'autre personne que nous même ;) ..
    bisous, et merci pour vos encouragements qui motivent à en faire encore !

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  5. Excellent ! Si en plus de dessiner et de scraper avec talent tu te mets à l'écriture de haut-vol, que va t'il nous rester ??

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  6. oooh, mon Joker, il te/vous reste tout .. je touche à bcp de chose, mais ne suis spécialiste en rien..
    et puis cette petite histoire n'aurais jamais vu le jour sans Jeff.. sans la jolie osmose littéraire entre nous, rien n'aurait vu le jour ;)

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  7. Ah Ah Ah !
    Yes my Lord. Yes my Lord. Vous déclineriez-vous aussi prétentieux qu'un commissaire Juve! Ah, l’humanité. Quel merveilleux spectacle de marionnettes ! Comment pourrais-je m'ennuyer ?
    AH AH AH AH AAAAAAAAH !

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